Pour aller plus loin
Questions Biographiques
A quelle époque J. R. R. Tolkien a-t-il vécu ?
J. R. R. Tolkien est né à la fin du XIXe siècle, le 3 janvier 1892. C’est un homme qui a connu les grands événements du XXe siècle : il a servi comme officier lors de la Première Guerre mondiale, et a été touché de près par la Seconde Guerre mondiale. Il est mort en 1973, le 2 septembre.
Que signifient les initiales « J. R. R. » ?
John Ronald Reuel. John est le prénom de son grand-père, Reuel le deuxième prénom de son père Arthur, mais Ronald était le prénom le plus utilisé par ses proches. Ses Lettres montrent comment il utilise tantôt tel prénom, tantôt tel autre, ou encore ses initiales, en fonction de son correspondant. Son nom est d’origine saxonne (allemande) et signifie « téméraire ».
J. R. R. Tolkien était-il un écrivain « professionnel » ?
Pour l’état civil, son métier était professeur de langue et de littérature anglaises à l’Université (à Leeds puis à Oxford, pendant 35 ans, de 1925 à 1959); et plus globalement, philologue, spécialiste des rapports entre un texte et sa langue, de l’étude des textes anciens. Comme il l’explique dans sa conférence sur « L’Anglais et le gallois » , l’année de la publication du Seigneur des Anneaux, il était « philologue dans les domaines anglo-saxon et germanique ».
Tolkien n’était donc pas un écrivain « professionnel » dans ce sens précis du terme, mais son métier était intimement lié à son activité d’écrivain, et réciproquement : il a beaucoup travaillé pour l’Université et ses étudiants, a établi des éditions de textes médiévaux et publié des articles fondamentaux, sans parler de sa vie de famille, avec quatre enfants ; mais dans le ‘moments volés’ (comme il les appelle) à cet emploi du temps chargé, il a écrit des milliers de pages décrivant un monde qui doit beaucoup aux langues qu’il a inventées toute sa vie. L’œuvre fictionnelle de Tolkien est donc aussi une forme de philologie.
Où lire des textes où l’auteur parle de lui-même ?
L’ouvrage fondamental demeure le recueil de Lettres publié après sa mort : il rassemble des lettres à ses proches (à ses enfants, à ses amis), des échanges avec ses éditeurs, des réponses à ses lecteurs et nous permet de l’entendre parler de la manière dont il a écrit ses livres, et dont il a conçu les personnages, et d’obtenir des réponses à des questions restées en suspens. (Pour en savoir plus à ce propos, voir notre section « Lettres ».)
Le texte le plus connu est l’avant-propos du Seigneur des Anneaux daté de 1966, où J. R. R. Tolkien raconte la longue et difficile rédaction du livre, entre 1937 et 1954, et répond aux interprétations qui ont été faites du « message » ou de « l’allégorie » contenus dans Le Seigneur des Anneaux.
Ces quelques pages peuvent être complétées par le magnifique discours prononcé par l’auteur en juin 1959 lors de son départ à la retraite de l’université d’Oxford, qui permet de comprendre combien cet inventeur prodigieux avait aussi les pieds sur terre et était soucieux de la formation des étudiants comme de la défense de la littérature (« Discours d’adieu », dans Les Monstres et les critiques).
Quelle est la nationalité de J. R. R. Tolkien ?
Il était de nationalité britannique. Né de parents anglais à Bloemfontein (où son père était venu travailler comme employé de banque), une ville alors située dans l’Etat libre d’Orange, qui se trouve aujourd’hui en Afrique du Sud, Tolkien est rentré en 1895, à l’âge de 3 ans, en Angleterre avec sa mère et son frère. Il a passé son enfance dans la région de Birmingham puis a vécu à Oxford, où il a enseigné 35 ans, jusqu’en 1959, et où il vécut jusqu’à son décès, en 1973.
Quel était le plat favori de l’auteur ?
Des huîtres, avec du citron.
Est ce que J. R. R. Tolkien a connu le succès en tant qu’auteur de son vivant ?
Tout dépend bien sûr de ce que l’on entend par ce terme! Mais si l’on songe à la célébrité et aux retombées financières, on peut dire que :
J. R. R. Tolkien était un professeur d’université avec quatre enfants : lui et son épouse étaient orphelins, et il n’a connu l’aisance financière que tardivement. Le Hobbit fut publié en 1937, lorsqu’il avait déjà 45 ans, et il approchait de l’âge de la retraite lorsque Le Seigneur des Anneaux parut en 1954-55 et connut un premier succès. L’auteur a cependant connu la « première vague » du renom international dans les années soixante, lorsque les lecteurs d’Amérique du Nord s’emparèrent du livre avec le succès que l’on sait.
La célébrité globale de « Tolkien » que nous connaissons à présent, et la confusion qui en résulte entre l’homme, l’auteur, le professeur, les livres, les mondes imaginaires, et les adaptations qu’ils ont connues, est un phénomène beaucoup plus récent. Phénomène dû en grande partie aux adaptations cinématographiques de Peter Jackson, mais nous aimons à penser qu’il s’agit aussi d’une preuve de la permanence et de la profondeur des histories que l’auteur a su nous reconter …
Questions Littéraires
Quel sont les récits se passant en Terre du Milieu autres que Le Hobbit et Le Seigneur des Anneaux ?
Le Silmarillion narre la création du monde contenant la Terre du Milieu, jusqu’à sa transformation totale, quelques millénaires avant l’action du Seigneur des Anneaux.
Les Enfants de Húrin, comme son nom l’indique, relate le tragique romance de la dynastie de Húrin, développant ainsi une des nombreuses histoires résumées dans l’immense fresque qu’est Le Silmarillion.
Pour ceux qui veulent aller plus loin, les Contes et légendes inachevés et L’Histoire de la Terre du Milieu permettent de découvrir d’autres formes et développements des histoires de la Terre du Milieu.
(Qu’)est-ce que J. R. R. Tolkien a écrit pour les enfants ?
Le Hobbit, Les Lettres du Père Noël, Monsieur Merveille et Roverandom sont des livres pprincipalement destinés aux enfants, et d’abord à ceux de l’auteur ; le reste de l’œuvre de Tolkien (dont Le Seigneur des Anneaux, Le Silmarillion, ou encore La Légende de Sigurd et Gudrún, etc.) a été écrit pour un public d’adultes, ou de jeunes adultes, comme on dit de nos jours. Ce qui ne revient pas à dire que ces livres sont inaccessibles à des plus jeunes lecteurs.
Quelle proportion de l’œuvre de J. R. R. a été éditée par Christopher Tolkien ?
Depuis la mort de l’auteur en 1973, et parallèlement à la publication d’ouvrages liés au travail de l’universitaire qu’était Tolkien, comme Sir Gawain and the Green Knight (1975), ou le recueil d’essais intitulé Les Monstres et les critiques (1983), Christopher Tolkien a présenté Le Silmarillion (1977) et a ensuite donné une édition commentée et expliquée des récits de la Terre du Milieu dans les Contes et légendes inachevés (1980) puis les douze volumes de L’Histoire de la Terre du Milieu (1983-1996) : Les Contes Perdus, Les Lais du Beleriand, La Formation de la Terre du Milieu, La Route Perdue … Il a aussi édité Les Enfants de Húrin (2007), une version complète de l’histoire de Túrin, déjà présente bien entendu sous forme très brève dans Le Silmarillion.
Plus récemment, Christopher Tolkien a édité des poèmes en lien avec le Moyen Âge : La Légende de Sigurd et Gudrún (2009), La Chute d’Arthur (2013) ; puis Beowulf : A Translation and Commentary (2014). Le Seigneur des Anneaux n’est donc que la partie visible de l’iceberg!
Mais est-ce que Le Hobbit est lié, dès l’origine, au Silmarillion ?
Non. Lors de sa conception, Le Hobbit n’était pas lié aux légendes des Jours Anciens ; cette histoire a été composée pour le plaisir des enfants de l’auteur, sans volonté consciente de la rattacher à la ‘mythologie’ du ‘Silmarillion’. Lorsque ses éditeurs lui ont demandé une « suite » au Hobbit, J. R. R. Tolkien s’est attelé au Seigneur des Anneaux, qui s’est intégré presque malgré lui au monde mythologique d’Arda. L’auteur a donc cherché par des tentatives incomplètes, au cours des années suivantes, à transformer Le Hobbit de manière à le rendre cohérent avec le monde du Silmarillion et du Seigneur des Anneaux.
Quelle est la relation entre Le Silmarillion et L’Historie de la Terre du Milieu ?
Comme il l’explique au début des Contes Perdus, le premier des douze volumes de L’Histoire de la Terre du Milieu publié en 1983, Christopher Tolkien a été amené à publier, en 1977, une version du « Silmarillion » sous la forme d’un « texte unique, en choisissant l’ordre des récits de manière à obtenir une suite cohérente et qui se suffise à elle-même ». Il fallait également qu’elle soit en harmonie avec Le Seigneur des Anneaux, œuvre déjà publiée et qui servait de référence à J.R.R. Tolkien.
Mais comme le signale Christopher Tolkien, face au Silmarillion de 1977, le lecteur n’est pas en mesure de comprendre l’évolution des multiples textes qui ont servi à composer Le Silmarillion. C’est pourquoi Christopher Tolkien a décidé de publier, entre 1983 et 1996, douze volumes présentant les textes d’origine afin de montrer le processus de création. Dans cette série de volumes apparaissent ainsi l’évolution permanente du « Silmarillion », les réécritures, les inflexions apportées par Tolkien pendant plus de cinquante années, et le développement considérable de l’univers inventé, puisqu’au Valinor et aux Terres du Beleriand sont venus s’ajouter la Terre du Milieu, décor du Hobbit et Le Seigneur des Anneaux.
Tolkien a-t-il tout inventé de la Terre du Milieu, ou bien est-il un compilateur ?
L’œuvre de Tolkien ne constitue pas une « mythologie » au sens strict (et au sens moderne du terme), parce qu’un créateur unique (l’auteur), et non une communauté, est à l’origine des histoires racontées dans ses œuvres. Celles-ci rappellent cependant de grands récits mythologiques, ce qui a amené certains lecteurs à rechercher les « sources » des histoires racontées dans Le Silmarillion, L’Histoire de la Terre du Milieu…
Tolkien n’a pas puisé que dans son imagination ; il fait en partie référence aux traditions et aux littératures européennes, qu’il connaissait aussi bien que leurs langues : on peut par exemple établir des liens avec la mythologie nordique. Mais même lorsqu’il existe des points communs, les ajouts personnels, les transformations progressives et les écarts sont si nombreux et essentiels, l’élaboration de ce monde inventé si poussée que lecteurs comme spécialistes s’accordent à reconnaître la totale originalité de sa création.
Une des meilleures preuves demeure l’influence que l’œuvre de Tolkien continue d’exercer sur de nombreux auteurs de Fantasy, des décennies après la parution du Seigneur des Anneaux : elle est considérée comme un modèle en soi, non comme un simple relais.
Publiés dans les années 1950 et 1970, les textes les plus célèbres de Tolkien (Le Seigneur des Anneaux, Le Silmarillion) se déroulent dans un passé lointain. En quoi nous peuvent-ils nous parler de notre époque ?
La date de publication d’un livre ne change rien à sa « modernité » ou à son intérêt ! Dans le cas de Tolkien, les réflexions sur l’homme, sur la technologie, sur la guerre et l’usage de la force, sur l’amitié entre les peuples et sur la nature, font de lui, de manière indiscutable, un auteur pour notre temps.
C’est peut être justement là qu’on peut comprendre la fascination que l’auteur a exercée et continue d’exercer sur des générations de lecteurs, en ce qu’il puise dans les profondeurs de sa connaissance de la culture de temps révolus pour parler de thèmes qui restent intemporels, au- delà du simple plaisir du conte et de l’épopée héroïque.
Pourquoi avoir publié Les Enfants de Húrin en 2007, entre L’Histoire de la Terre du Milieu (1983-1996) et les poèmes d’inspiration médiévale que sont Le Légende de Sigurd and Gudrún (2009) et La chute d’Arthur (2013) ?
Christopher Tolkien a publié ce livre pour deux raisons principales : la première est qu’il le considère comme un très bon exemple de la magnifique écriture de son père et de ses dons de conteur ; la seconde est que ce récit, qui se déroule à un Âge antérieur de l’histoire de la Terre du Milieu, bien avant l’époque du Seigneur des Anneaux, donne aux lecteurs qui ne connaissent que ce roman et Le Hobbit une idée de la profondeur et de la durée de l’Histoire de la Terre du Milieu.
Par ailleurs, le premier souci de Christopher Tolkien a toujours été de voir les textes de J. R. R. Tolkien publiés de manière à respecter leur propos et leur nature d’œuvre littéraire. Beaucoup voient la Terre du Milieu comme un terrain de jeu ; au contraire, la véritable nature du monde inventé par Tolkien, ainsi que le sujet de ses histoires, sont bien souvent graves et sombres, comme le montre Les Enfants de Húrin.
Quelle place occupe Les Enfants de Húrin dans l’œuvre de J. R. R. Tolkien ? Quand l’histoire se déroule-t-elle, par rapport au Seigneur des Anneaux ?
Ce récit se déroule au cours du Premier Âge de la Terre du Milieu. Túrin naît en l’an 464 après le premier Lever du Soleil – Morgoth ayant détruit les deux arbres du Valinor – et meurt en 499. C’est-à-dire environ 5,000 ans après l’Eveil des Elfes en Terre du Milieu, et 978 ans après que Fëanor a créé les Silmarils ; Beren et Lúthien, qui se sont rencontrés l’année même de la naissance de Túrin, accomplissent leur quête d’un Silmaril alors qu’il n’est encore qu’un petit garçon.
Túrin meurt à peu près 100 ans avant la submersion du Beleriand, marquant le début du Deuxième Âge, qui dure 3 500 ans. Sauron forge l’Anneau Unique vers l’an 1600 de cet Âge ; Bilbo rencontre Gollum en l’an 2941 de l’Âge suivant, le Troisième Âge, et la Communauté de l’Anneau s’assemble à Fondcombe en 3018. L’Anneau Unique est détruit en 3019. Frodo, Bilbo, Gandalf et Elrond (âgé à ce moment-là de 6 500 ans : il est né 33 ans avant la mort de Túrin) quittent la Terre du Milieu en 3021, ce qui marque la fin du Troisième Âge.
Vous pouvez probablement en déduire les autres éléments de la chronologie, et quoiqu’il en soit, il est toujours plus prudent de dire que l’histoire des Enfants de Húrin s’est déroulée « il y a bien longtemps » !
On trouvera une analyse précise du décompte du temps au cours du Premier Âge dans L’Anneau de Morgoth [Morgoth’s Ring] et La guerre des joyaux [The War of the Jewels], les volumes X et XI de L’Histoire de la Terre du Milieu.
Quelle est la différence entre Le Silmarillion et le « Silmarillion » ?
Le Silmarillion (en italique) fait référence au livre publié par Christopher Tolkien en 1977 (traduit en 1978), quatre ans après la disparition de J.R.R. Tolkien.
« Le Silmarillion » fait référence au projet de livre proposé par J. R. R. Tolkien à la fin des années 1930 mais refusé par les éditeurs.
Enfin, le « Silmarillion » fait plutôt référence à « l’univers », l’ensemble des manuscrits et documents composés au fil des décennies.
Dans quell ordre lire les œuvres qui concernent la Terre du Milieu ?
Chronologiquement, les histoires du Silmarillion et des Enfants de Húrin sont situées avant celle du Hobbit, qui elle-même précède Le Seigneur des Anneaux; mais rien n’oblige à lire dans cet ordre.
Les lecteurs contemporains de Tolkien ont d’abord découvert Le Hobbit (1937), puis Le Seigneur des Anneaux (1954–1955), et ont attendu Le Silmarillion jusqu’en 1977; mais on peut commencer par Le Seigneur des Anneaux, l’essentiel de l’intrigue du Hobbit étant rappelé au début du livre.
Le lecteur peut suivre son inspiration, après avoir feuilleté les livres ; on peut aussi donner des conseils en fonction de l’âge du lecteur : jusqu’à 12 ans, Le Hobbit est le livre le plus indiqué ; au-delà, on conseillera sans doute Le Seigneur des Anneaux, son œuvre la plus connue. Puis Le Silmarillion, d’un genre différent, qui raconte la création du monde, l’apparition des Elfes et des Hommes, les premières guerres, la fabrication de l’Anneau et la destruction du monde ancien … fref, tout le « passé » du Seigneur des Anneaux. Toutefois, depuis 2007, avec Les Enfants de Húrin, les lecteurs – adultes en particulier, car ce récit est sombre et tragique – peuvent ouvrir en deux cents pages une « fenêtre » sur le passé.
L’Histoire de la Terre du Milieu en douze volumes (dont cinq déjà traduits en français) rassemble un grand nombre de textes inédits, ou variantes, dans un ordre à peu près chronologique d’écriture.
Qu’est-ce que Le Silmarillion ?
Après la mort de J. R. R. Tolkien en 1973, son fils Christopher entreprit la tâche intimidante de publier des textes écrits depuis les années 1910 : tout d’abord Le Silmarillion (1977), une version destinée à révéler au grand public les légendes des Jours Anciens, inventées par Tolkien à partir de la Première Guerre mondiale, mais dont il a interrompu la rédaction pour écrire Le Hobbit (1937).
Quel est le rapport entre Le Hobbit, Le Seigneur des Anneaux et Le Silmarillion ?
Ces trois livres sont liés : Le Silmarillion raconte la création du monde, l’apparition des Elfes puis des Hommes, les guerres entre Morgoth et les autres dieux, l’ascension de Sauron et la fabrication de l’Anneau … c’est cet Anneau que Bilbo trouve dans l’antre de Gollum (dans Le Hobbit) et qui constitue l’enjeu du Seigneur des Anneaux, qui forme la fin de ce cycle.
Le Silmarillion couvre donc une période de plusieurs milliers d’années, tandis que Le Seigneur des Anneaux se déroule, pour l’essentiel sur une seule année, en 3018–9 du Troisième Age ! Le Seigneur des Anneaux n’est donc qu’un bref chapitre dans l’Histoire du monde de J. R. R. Tolkien.
Que veut diire « HoMe » ?
L’acronyme HoMe désigne en anglais la série de douze volumes intitulés The History of Middle-earth (L’Histoire de la Terre du Milieu), rassemblant des textes écrits par J. R. R. Tolkien et présentés par Christopher Tolkien : récits, poèmes, chronologies, notes sur les langues, etc.
Comment savoir quelles œuvres de Tolkien sont disponibles dans ma langue ?
Vous pouvez consulter le site internet de l’éditeur de Tolkien dans votre langue, comme HarperCollins Publishers en anglais, Christian Bourgois éditeur en français et Minotauro en espagnol.
Où trouver en ligne des textes qui ont inspiré Tolkien ?
Ces textes se trouvent, pour une bonne partie, dans le domaine public et sont donc consultables légalement en ligne.
Lire les textes « universitaires » de Tolkien, comme ses conférences sur la littérature médiévale, présente-t-il un intérêt pour le lecteur du Hobbit, du Seigneur des Anneaux et du Silmarillion ?
L’œuvre de Tolkien forme une unité, et tout lecteur peut être intéressé par des livres qu’il ne connait pas. Les textes réunis dans Les monstres et les critiques – des conférences sur les poèmes médiévaux Beowulf et Sire Gauvain, sur les contes de fées, et sur l’invention de langues imaginaires – ne sont pas accessibles aux plus jeunes lecteurs et peuvent sembler ardus par endroits ; mais au moins trois d’entre eux donnent des clés essentielles sur l’œuvres romanesque et poétique de Tolkien.
La première conférence sur Beowulf réfléchit en effet sur le sens des actes du héros, et sur l’héroïsme en général ; la conférence sur les contes de fées montre l’importance du merveilleux et permet de comprendre les choix de Tolkien ; et le texte malicieusement intitulé « Un Vice Secret » évoque la création des langues, donnant d’autres exemples de langues inventées par l’auteur. Ces trois textes sont les plus accessibles du volume et éclairent directement Le Seigneur des Anneaux, Le Hobbit ou Les Enfants de Húrin.
L’autre référence majeure est le volume de Lettres publié en 1981, dans lequel Tolkien commente longuement ses livres, pour répondre à des lecteurs ou défendre ses projets auprès d’éditeurs, et apporte de nombreuses réponses à des questions qui intriguent, dans ses livres les plus connus.
Combien de temps a-t-il fallu à Christopher Tolkien pour préparer la publication des Enfants de Húrin ?
Sans le travail que Christopher Tolkien avait déjà effectué sur les manuscrits de son père – depuis Le Silmarillion, paru en 1977, jusqu’au douzième volume de L’Histoire de la Terre du Milieu (Les Peuples de la Terre du Milieu, publié en 1996) – il aurait certainement été impossible de proposer une version aussi fidèle et complète de l’histoire des enfants de Húrin. Pour cette raison, on peut dire que Les Enfants de Húrin est l’apogée d’un travail qui a duré près de 30 ans.
Selon Christopher Tolkien lui-même, l’estimation la plus précise que l’on puisse donner est la suivante : pour réunir le matériau utilisé, il a fallu plusiers années d’un travail complexe, accompli au cours du long travail, de plus grande ampleur, qu’il a effectué sur les manuscrits de son père.
Pourquoi avoir opté pour une édition illustrée ?
Nous avons toujours admiré le travail d’Alan Lee, et ce depuis qu’il a été choisi pour illustrer l’édition du Seigneur des Anneaux publiée en 1992, pour le centenaire de la naissance de J. R. R. Tolkien. Alors qu’il préparait l’édition des Enfants de Húrin, Christopher Tolkien a pensé que proposer une édition illustrée serait un signe supplémentaire montrant qu’il s’agit d’une histoire et non d’une édition savante.
Qu’est-ce qui, dans cette édition des Enfants de Húrin, a déjà été publié ?
Une réponse rapide serait de dire qu’environ 75% de l’histoire ont déjà été publié, de manière fragmentaire, dans les Contes et légendes inachevés. Une version résumée de cette histoire se trouve également dans Le Silmarillion ; enfin, L’Histoire de la Terre du Milieu (en particulier dans les volumes II, III, IV, V et XI) contient des variantes de certains passages et des références répétées à cette histoire.
Est-ce que cela se justifie de lire Les Enfants de Húrin si l’on connaît déjà les Contes et légendes inachevés, Les Lais du Beleriand, etc. ?
A vous de voir ! Si vous connaissez déjà ces livres, vous risquez de ne pas être surpris par les grandes lignes de l’histoire. Toutefois, vous lirez une version suivie, élaborée dans le souci de plaire au lecteur et non de proposer une présentation exhaustive et analytique de l’évolution de ce récit, ce qui est justement le propos de L’Histoire de la Terre du Milieu. Par conséquent, vous pourrez trouver plus de plaisir à vous laisser porter par l’histoire, et découvrir des choses que vous n’aviez pas vues.
Quelle est l’importance de l’histoire des Enfants de Húrin au sein de l’œuvre de J. R. R. Tolkien ?
Cette histoire possédait une très grande importance aux qeux de l’auteur ; elle constitue sans doute l’une des sources principales du Légendaire tout entier. Il y a travaillé tout au long de sa vie, y revenant sans cesse, et ne pas parvenir à l’achever a été source d’une grande frustration pour lui.
Il s’agit d’une histoire de la Terre du Milieu, mais écrite sur un mode totalement différent de celui du Seigneur des Anneaux, et qui se déroule à une autre époque. Elle se distingue également des autres récits du Premier Âge, parce qu’elle est bien plus élaborée et qu’elle propose une étude de caractère. Nous pensons que cette œuvre possède une très grande charge émotionnelle, et un intérêt en soi, par sa dimension tragique.
Qu’est ce que « The Lay of Aotrou and Itroun » ?
Le Lai d’Aotrou et Itroun est un poème publié en 1945 : il imite un type de poésie médiévale (le « lai ») par ailleurs pratiqué par J.R.R. Tolkien – en particulier – dans le Lai des Enfants de Húrin, et le Lai de Leithian.
Long de 556 vers, ce poème raconte l’histoire tragique d’un seigneur qui se sacrifie par amour : pour que sa femme puisse avoir un enfant, at par fidélité amoureuse, il donne sa vie à une sorcière – mais son épouse en meurt de tristesse.
J.R.R. Tolkien et la Fantasy
Qu’est-ce que la fantasy ? Quelle différence avec la Science-Fiction ?
Ce genre, né à la fin du XIXe, est très en vogue depuis le succès du Seigneur des Anneaux, et en particulier depuis les années 90. Il demeure toutefois difficile à définir, et il contient beaucoup de variétés : Heroic Fantasy, High Fantasy, Dark Fantasy … On s’accorde cependant sur une définition minimale : le cadre est un monde (ou une époque) imaginaire ; il est caractérisé par la présence du merveilleux ; l’atmosphère « médiévale » (rappelant ses représentations les plus simples) et le développement technologique sont cohérents avec cette époque.
Pour simplifier à l’extrême, on pourrait dire que l’on trouve des dragons dans un roman de fantasy, pas des soucoupes volantes, contrairement à la Science Fiction.
Appartenant au domaine de la Fantasy, les œuvres de Tolkien sont-elles de « simples livres d’évasion » ?
Croire que le choix du merveilleux est une facilité ou qu’il relève d’une convention serait une erreur : Tolkien a volontairement opté pour le merveilleux afin (c’est une des raisons majeures) de faire perdre ses repères au lecteur et de l’amener à regarder autrement le monde qui l’entoure.
Comme il l’explique dans son célèbre essai Du Conte de fées, nous sommes coupés de la réalité : seule la littérature merveilleuse, les « contes de fées », pour adultes (comme Le Seigneur des Anneaux), qui créent un « monde secondaire », peuvent nous aider à retrouver une « vue claire » du monde réel. On est donc loin d’une littérature qui nous ferait fuir le réel !
L’œuvre de Tolkien appartient-elle au genre de la fantasy ? A-t-il inventé la fantasy ?
Ce serait réduire son œuvre à une « étiquette » et oublier que Le Seigneur des Anneaux, par exemple, peut plaire aux amateurs de romans « historiques » ; mais s’il faut absolument classer l’œuvre de Tolkien, on peut effectivement la rapprocher des auteurs qu’il cite dans sa correspondance (voir notre rubrique sur ses Lettres) : William Morris (1834–1896, auteur mais aussi artiste membre du mouvement arts and crafts et du groupe des Préraphaélites), Lord Dunsany (1878–1957, auteur irlandais), E. R. Eddison (1882–1945).
C’est aussi un genre que Tolkien a profondément modifié : de nombreux auteurs se réclament ou s’inspirent de lui depuis les années soixante. Il ne l’a toutefois pas inventé.
Langues Inventées et Noms
Pourquoi les langues sont-elles importantes dans l’œuvre de Tolkien, au point que l’on présente souvent leur invention comme l’une de ses originalités ?
J. R. R. Tolkien a expliqué un jour qu’il avait écrit Le Seigneur des Anneaux pour créer un monde dans lequel « on pourrait avoir comme phrase de salutation habituelle elen síla lúmenn’ omentielmo, et que cette phrase précédait de beaucoup le livre. » Même si cette affirmation contient une forme de boutade, il est indéniable que les langues sont à l’origine de ses textes : ceux du « Silmarillion », explique Tolkien dans l’avant-propos au Seigneur des Anneaux, sont « principalement d’inspiration linguistique et [ont] été commencé[s] dans le but de fournir un contexte « historique » à l’existence de langues elfiques ».
Lui qui a très tôt, dès sa jeunesse, imaginé des langues, en a inventé en même temps que les premiers récits (les Contes Perdus, premiers volumes de L’Histoire de la Terre du Milieu) au cours de la Première Guerre mondiale. Et elles ont toujours évolué en même temps que ses histoires. N’oublions pas que Tolkien était un universitaire spécialiste de langues et de littérature à la fois!
Tout ce que l’on trouve « sur les langues de Tolkien » sur internet est-il fiable ?
Aussi fiable que tout ce que l’on trouve sur internet !
Nous recommanderons cependant le travail très sérieux de l’Elvish Linguistic Fellowship (ELF).
Peut-on apprendre et parler les langues inventées par J. R. R. Tolkien ?
Ces langues étant l’œuvre d’un seul homme, elles ne peuvent exister au-delà de ce que cet homme a créé : on ne peut pas « inventer » un vocabulaire nouveau tout en restant fidèle au génie de l’auteur, pas plus qu’on peut inventer une suite aux aventures racontées par l’auteur.
On peut étudier leur grammaire, leur lexique, comprendre l’évolution ; mais pas les « parler » : en particulier, on se méfiera de ce qui est présenté sur internet comme étant « du Tolkien ». Même si les plus ‘complètes’ des langues inventées par l’auteur possèdent une grammaire, un lexique, et qu’il existe des indications quant à leur prononciation, elles ne forment pas un système, d’autant qu’elles ont beaucoup évolué au cours de la vie de Tolkien : les informations que nous possèdons sont souvent contradictoires.
Il n’est donc pas possible de les parler comme une autre langue ; mais on peut souhaiter apprendre sur elles tout ce qu’il est possible de savoir.
D’où provient le nom Smaug et quelle est sa prononciation correcte ?
« Le dragon porte un nom (un preudonyme), le parfait du verbe germanique primitif Smugan, « se glisser par un trou »: c’est une mauvaise blague de philologue. »
(extrait d’une lettre de l’auteur au journal The Observer, en 1938.)
Le nom « Smaug » se prononce /sm-ow-g/, comme dans « mi-aou », et non pas avec un /o/ comme dans « vol ».
A l’origine le nom du dragon était Pryftan, du gallois pryf, signifiant « ver » ; et tan : « feu ».